Saturday, June 22, 2013

Bergerac


Bergerac, dans le Périgord. Une chambre de plus. 1 lit, 1 table, 2 chaises et 2 plaques électriques. Dehors, au fond du couloir il y a une porte avec toilettes, une autre avec une douche. Une clef ouvre la douche, une autre la chambre. J'achète un fait tout pour tout faire, du café, des pâtes et des patates légumes. Un lot de 4 yaourt La Laitiere et on a des verres dans lequel boire le café du matin. Éponges, produit vaisselle, on est installé, ce sera la maison pour...temps indéterminé.


Silence, des bruits dans la cage d'escalier, les ronflements du voisin, ou peut-être est-ce les miens, les murs sont en papiers quand on est nulle part et personne. L'anonymat d'une petite ville française où je ne connais personne, ou personne ne me connaît, on se croise un jour. Le long de la rivière, la vie passe tranquille, rien ne se passe, jamais rien ne se passe que ce mouvement perpétuel des choses. Je nage dans l'intemporel, dans l'éphémère, je patauge dans ce qui passe, comme moi je passerais. En fait, je n'ai jamais vécu dans une petite ville française. Alors, je découvre, les rues vides aux pavés anciens, les bistros du coin, l'église, le marché, les habitudes de tous les jours. Il y a même un zéro local, un des premiers écrivains de science fiction, avec un récit de voyage sur la lune et un autre voyage jusqu'au soleil, Cyrano de Bergerac, personnage haut en couleur. Quelques rayons de soleil apparaissent et c'est une jolie petite ville que Bergerac et sa rivière.


Des rencontres, ça c'est partout, elles se font avec le temps, naturellement. Des gens super, ça y en a partout, il suffit d'être ouvert. Entre les tattoos de Funky Buddha et les rencontres, j'ai tout ce temps à occuper. Me dit que je devrais écrire, éditer, couper, coller, alors je fais des mandalas et joue au solitaire. Radio Bergerac 96.3 me tient compagnie, je révise mes classiques et écoute les nouveautés. Un petit accent du sud me rappelle où je suis: en France, loin des cocotiers, des saris colorés et autres palmiers de loin d'ici, 8 mois déja. Le soleil tente une percée timide à travers les nuages de ce ciel blanc de lait qui me couvre depuis mon arrivée en France. Quelques jours de soleil font du bien. Un temps pourri, a ce qu'y paraît, c'est une mauvaise année question soleil, le moral de tous en partie, "on attend les beaux jours" comme on dit. Faut faire avec, mais, bon Dieu, ce que la chaleur du soleil me manque.


Un soir, on va à une soirée Aventures au Bout du Monde. Le petit groupe se retrouve pour ce premier rendez-vous, ils veulent faire une antenne sur Bergerac. Excellente idée que de mettre en contact ces voyageurs et ceux touches par "le virus du voyage". À vélo, en voiture, où à pied, chacun se ramène avec ses histoires, ses rêves et ses envies. La passe se conjugue aux futures destinations. On rêve, le temps d'une rencontre. Je me dis que décidément, ce n'est plus de partir dont je rêve, mais c'est bien de revenir. Le mot "expatrié" arrive a mon oreille. Un nom que je ne m’étais jamais donner, et pourtant...après tant d'années hors de mon pays natal, c'est bien le mot qui me convient. Partir, ça je sais faire. Se casser, tout lâcher, laisser couler, recommencer, ça je connais. Mais revenir, revenir, ça c'est une autre histoire. Partir, oui, mais après? Sentimentalité, devoir, je ne sais plus, je ne sais rien, je laisse couler la rivière. J'ai besoin de soleil.


"On est comme des plantes" me dit un jour un ami, mi-français, mi-syrien, mi-algérien, mi-parisien. "On se replante, on refait nos racines là où on est, c'est comme ça. La plante que l'on devient dépend du sol duquel on s'est nourris. Y en a qui bougent jamais, ils se ressemblent un peu tous. Et puis y' a ceux qui ont bougé, ceux-là, ils poussent différemment." J'aime bien cette vision des choses. Alors, je replante, je transplante, j'arrose, je mets de l'engrais, un peu d'épices, du soleil, de la graisse de canard. Des produits locaux, je me nourris, je pousse mes feuilles, unes à unes...et puis après on verra bien où la route mène...je sais seulement, que le soleil, j'en aie besoin comme une plante en a besoin...alors je lui cours autour...



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