Wednesday, January 21, 2015

Soumission


"La femme n'a pas à être intelligente, au sens que nous donnons à ce mot : elle a à être experte en plaisirs charnels et en bons soins. Là se borne son rôle, alors qu'elle cohabite avec l'homme, et c'est pourquoi les idées d'émancipation dont on nous rebat actuellement les oreilles me semblent absurdes." Joris-Karl Huysmans.

Cette phrase de Huysmans peut bien résumer le livre scandale du moment, c'est à dire Soumission de l'écrivain adoré et détesté de certains Français. Car si quelques uns hurlent à l'islamophobie politiquement correcte du moment, ce livre m'apparait en fait comme une question sur la relation homme-femme qui sont en effet la base de l'économie des ressources humaines. L'islam dans ce livre, n'est qu'une excuse de circonstance pour aborder le sujet de la religion en général, et des systèmes totalitaires que les religions peuvent créer. Le sujet au centre du débat est bel et bien la relation difficile entre les hommes et les femmes. Décadence du monde moderne, politique, les limites de l'individualisme aux multitudes crises identitaires, un peu de cus et de bon dieu, du bon vin et un bon repas, Houellebecq est au plus haut de sa forme.


Scandale, génie, porc, alcolo dépressif, sublimissime, on peut dire ce que l'on veux, et les quand dira t'on filent toujours bon train avec les grenouilles de bénitiers, le dernier roman de M Houellebecq fait du bruit. Ca jazze, c'est à la mode et on en parle. "Ce qui est bien dans la mode, c'est que ca meurt vite" comme aimer à dire Jean Cocteau, l'effet médiatique passera et seul le temps pourra dire ce qu'il en pense. Une recherche rapide sur internet, et cela suffit à me faire penser que décidément, quelques lectures de critiques me suffiront. Mais c'est comme un bon film, je ne lis pas les critiques, les gouts et les couleurs, c'est personnel ca. Et oui, je demeure une individualiste, totalement consciente des difficultés que cela peut avoir, mais je continue de former mes propres opinions sur les choses. Ce livre, je l'ai mangée comme un petit pain. Une suite logique à La carte et le Territoire, Houellebecq continue avec sa vision des produits de luxe Français, il y aura toujours des hommes riches qui veulent profiter de belles choses. Que ce soit des touristes ou bien une élite politique, le résultat est le même, la France est riche en produit de luxe et autres rêveries intellectuelles.
Que dieu la bénisse! Mais quel dieu au fait?


Si le héro du livre se soumet finalement à l'ordre du moment, c'est plutôt par dépit que par conviction. Après tout, on lui offre des femmes, qu'il n'a même pas a choisir, un bon salaire accompagné d'un certain statuts, il se résout, il vieillit, il est seul et mal aimé, et il n'aura aucun regret. Non je ne regrette rien! C'est ce que Houellebecq nous fait croire dans ce grand hymne à la joie qu'est sa grande tristesse face à son humanité trop lucide à contenir. Il n'ira pas vers dieu, il ira vers un système qui lui offre une certaine sécurité face à son mal être et à sa solitude. Il suffit d'appuyer sur le bon bouton, et tout est réglé en un rien de temps par les autorités en charge.
L'économie dans ce système est une économie des ressources humaines. La femme n'est ici faite que pour servir l'homme, et l'homme n'en devient qu'une source de sperme. Comme dans tout système totalitaire, on y garde les élites et les pauvres bien séparé chacun dans leurs tribus génétique. Bref, rien ne change dans le monde de Houellebecq, sauf que la croix est remplacée par le coran. L'homme reste un dieu vivant, la femme quelque chose a éduquer pour la satisfaction de l'homme, et que les
plus forts se reproduisent. Ce système bien entendu contient une certaine logique élementaire, sauf qu'il réduit l'être humain à la machine. Des bêtes à reproduire, l'homme comme la femme y deviennent des machines à reproduire des êtres qui suivront bien gentiment dans leurs traces. C'est pas de ma faute, c'est le bon dieu qui l'a dit!

Pauvre être humains réduit en esclavage pour le plaisir des élus. Mais c'est comme cela, après tout, le dogme religieux est écrit par les plus hauts ésprits du moment, n'est ce pas? La femme y a tout juste trouvée une âme, peut être même que c'est un être vivant? Ces systèmes restent dictés par des hommes, des étagères remplies de pauvre petits tommes et de leurs peurs des méchantes femmes. La nature, cette sauvageonne, il faut absolument la contrôler puisqu'elle a était crée pour les hommes clamaient les grands des lumières.



Les religions ont toujours étaient présentes pour contrôler la populace, mais elles sont aussi les histoires qu'on aime à se raconter pour se rassurer au coin du feu.
Elles nous rassurent face au grand rien, nous remplissant d'un tout, aussi moelleux que le gâteaux de grand mère. C'est confortable, ca fait du bien l'espace de quelques siècles, jusqu'à la prochaine recette de gâteaux.
Si les religions temporaires fonctionnaient, on n'aurait pas besoin d'en inventer une nouvelle à chaque centaines d'années qui passent. Si les modes des chapeaux duraient,  l'histoire humaine ne serait pas remplie de tant de dieux et autres prophètes tribaux. Mais les temps changent, la vie n'est pas faite de si ni de la, et à chaque époque ses diseurs de bonne aventure et vendeurs d'huile de serpent. Les chapeaux tournent, comme la mode et la roue, certains chapeaux durant quelques siècles de plus que d'autres c'est tout. Mais la nature humaine est bien plus mystérieuse, les rationaux préfèreront le mot irrationnelle, que tous ces dogmes et autres certitudes. Là encore seulement le temps nous dira ce qui restera de nous pauvres petits terriens au milieu de cette nature déjà bien polluée. Si la liberté a ses limites, c'est bien dans la responsabilité qu'elle amène, ou pas, c'est à chacun de choisir. On peut aussi se soumettre quand on en a marre d'exister, s'assoir et méditer un moment, ah l'extase de ne rien faire que d'être. Les riches restent riches, les pauvres des pauvres, tout est en ordre, il suffit d'appuyer sur le bon bouton.


Bref, une superbe satyre des temps anciens, modernes et à venir, Houellebecq nous plonge dans les espaces d'ombres de nous mêmes, il vise et tire sur nos peurs de solitude, nos envies de baiser, nos désirs de transcendance même quand il n'y a rien à transcender, le tout bien arrosé d'honnêteté extrême bien comme ca dérange, Soumission peut être rangé dans la liste des dystopies habituelles. La vie, c'est vrai, c'est pas toujours facile, et ca Houellebecq l'écrit bien.
" Ne change rien pour que tout soit différent" chante Jeanne Balibar de sa voix sulfureuse. Merci Michel pour un bon moment, je passe au prochain livre, une autre science fiction, c'est comme ca la vie, ainsi font font les marionnettes. J'espère que tu ne m'en voudra pas, et bonne chance pour ton prochain ouvrage:)

Photos prises au Népal, durant Dashain, une des fêtes principales du pays, le plus grand sacrifice d'animaux de la planète, au temple de Kalimati.

Versio en anglais ici.

Prochain: La sonate Hydrogène de Iain Banks.

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